Au tournant de l’an mil, l’essor de la chrétienté s’inscrit de plus en plus dans la pierre. Comme le note Raoul Glaber, moine chroniqueur de son temps : "La terre se couvre d'un blanc manteau d’églises". Dans la vallée du Rhin, où se concentrent les grands lieux de pouvoir du Saint Empire romain germanique, les églises en bois ou de style carolingien laissent place à de somptueuses cathédrales romanes aux allures de palais : des symboles forts sur le plan religieux autant que politique, qui soulignent la puissance des bâtisseurs. Avec la cathédrale Saint-Martin de Mayence, les archevêques Willigis puis Bardo ambitionnent de faire de leur ville une "deuxième Rome", tandis que la cathédrale de Spire, à quatre tours et deux dômes, fondée quelques décennies plus tard, vient asseoir le pouvoir de la dynastie franconienne. À Worms, la cathédrale Saint-Pierre constitue un nouveau chef-d’œuvre de l’architecture religieuse, avec ses tours rondes en grès rouge.